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Les temps sont durs pour Joe Biden depuis sa prestation catastrophique lors du débat face à Donald Trump. Le nombre d’élus, éditorialistes et donateurs, inquiets à l’idée de perdre le Congrès et la Maison Blanche et appelant le président à laisser sa place s’accroît chaque jour qui passe. L’unité, qui a fait la force des démocrates depuis l’élection du milliardaire républicain en 2016, est fragilisée.
Et à cela s’ajoute désormais les doutes, rendus publics et très probablement de façon coordonnée, des pontes du Parti comme Nancy Pelosi, Chuck Schumer ou encore Barack Obama qui pourraient être la goutte de trop qui scelle son sort rapidement.
Que se passera-t-il si le président renonce finalement à se présenter sous la pression? La réponse est simple: Kamala Harris prendra la suite et sera positionnée en haut du ticket de façon quasi automatique car toute autre option transformerait le chaos actuel en un suicide collectif.
Éviter la folie d’une convention ouverte
Au milieu de l’actuelle confusion, il se dit en effet que certains (élus, influenceurs ou commentateurs américains) seraient favorables à une convention ouverte et donc contestée pour forcer la vice-présidente (par manque de confiance en elle) à affronter d’autres prétendants démocrates à la Maison Blanche. Permettez-moi de vous expliquer pourquoi ceci relève plus d’une fiction que d’une réelle possibilité selon moi:
Tout d’abord cela contribuerait à exposer un peu plus les divisions démocrates aux yeux de l’électorat, pour le plus grand plaisir des républicains. Ensuite, ne pas faire confiance à une femme métisse, la plus légitime pour prendre la suite, renverrait une image terrible pour un parti progressiste et cela pourrait être très mal perçu dans la communauté afro-américaine (et notamment chez les élus afro-américains) qui vote massivement démocrate. Enfin, seule une figure déjà nationalement connue est aujourd’hui en mesure de mener une campagne éclair de 3 mois (Harris l’est).
Pour toutes ces raisons - et d’autres concernant l’argent de la campagne Biden et le soutien très probable de ce dernier à sa colistière - cela ne peut avoir lieu. A moins que le parti ne décide subitement d’un suicide collectif, ce qui ne semble pas être l’option la plus enviable à trois mois et demi d’une élection cruciale.
Et puis franchement, quel prétendant à la Maison Blanche irait se jeter dans un tel piège avec la quasi certitude de perdre in fine contre Harris (notez qu’elle est en tête dans toutes les enquêtes d’opinion auprès des militants démocrates pour prendre la relève, un facteur important quand on est dans l’urgence) ou d’apparaître comme celui qui aurait bénéficié d’une sorte de “coup d’état soft” de l’establishment contre les DEUX têtes de l’exécutif ?
Faire émerger cette idée est donc le meilleur moyen de pousser Biden à rester dans la course car ce serait l’humiliation ultime pour son administration et ses choix. Pas malins sont les élus démocrates favorables à l’abandon du capitaine qui laissent entendre cela aux journalistes.
L’enjeu sera ailleurs
La question ne sera donc pas de savoir qui remplacera Joe Biden - s’il vient à se retirer - mais qui accompagnera l’ancienne procureure de Californie sur le ticket présidentiel démocrate.
Au moins trois noms circulent déjà: Josh Shapiro, gouverneur de Pennsylvanie, Roy Cooper, gouverneur de Caroline du Nord, et Andy Beshear, gouverneur du Kentucky. Les deux premiers sont installés dans des états visés par les démocrates en novembre, raison pour laquelle ils semblent être les mieux placés. Et comme la Pennsylvanie est l’état clé le plus important de la prochaine élection, j’aurais tendance à penser que Shapiro serait le premier choix si la recherche d’un colistier pour la vice-présidence venait à réellement se matérialiser.
L’autre aspect important sera évidemment de relancer la campagne sans repartir de zéro pour gagner du temps. Il faudra donc très certainement que Harris maintienne une continuité avec l’actuelle campagne en reprenant l’héritage et les idées politiques de Biden (la seule à pouvoir le faire naturellement) et insuffle une nouvelle dynamique en se montrant très énergique pour trancher avec l’image renvoyée actuellement (et prendre à revers les républicains). Le fond et la forme.
Ce ne sera pas simple de gagner dans ce contexte, peut-être même impossible, mais si le pilote doit être changé au milieu de la course mieux vaut que le remplaçant présente certaines garanties et qu’il soit en mesure de ne pas perdre trop de temps au stand. Les Américains verront alors s’affronter une ancienne procureure et un repris de justice qui n’a pas respecté l’état de droit en 2020. Un nouveau choix de société s’offrira à eux, pour la troisième fois.
En conclusion, il convient tout de même de rappeler que personne ne sait réellement si ce changement interviendra. Je le pense, pas par envie mais car la situation actuelle me semble intenable pour lui, cependant je ne suis pas devin et Joe Biden est le seul décideur de son avenir. D’ailleurs il vient de réaffirmer ce vendredi 19 juillet, par le biais d’un communiqué, qu’il compte bien poursuivre sa campagne. Wait & see.
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C'était la seule chose à faire pour les Démocrates si ils veulent encore avoir une petite chance de gagner.
1° Ils cassent la dynamique marketing de Trump et son attentat, car maintenant on ne parle plus que d'une chose, le futur ou la future candidat(e) démocrate et cela pour le 4 prochaines semaines
2° Les démocrates apparaissent ainsi comme les seuls écoutant l'opinion US (sutout les jeunes), qui ne voulaient plus voter par avoir à choisir entre 2 "vieux", le rajeunissement et le changement c'est eux maintenant
3° En présentant sans doute Harris comme candidate, là aussi ils présentent une véritable alternative à Trump à tous les points de vue, plus jeune, femme, issue des minorités
4° C'est Trump qui va passer maintenant pour le vieux papy qui se prend les pieds dans le tapis, ou pire pour le viel oncle raciste insortable, les Démocrates vont pouvoir le pilonner en appuyant sur l'aspect qu'il sera alors le plus vieux président US de tous les temps, plus vieux d'environ 150 jours que Biden en Janvier 2020, ça sera l'arroseur arrosé
5° L'avortement et les lois des droits des femmes sont le seul coin véritablement efficace à mettre en avant pour les Démocrates dans le programme républicain, c'est pas pour rien que Trump est très discret sur ce point. Harris s'est faite la championne de la défense des droits des femmes ces derniers mois, et l'on a vu que ce point du programme républicain pouvait faire basculer même les états les plus conservateurs dans le camp des démocrates.
6° Les Démocrates réagissent, certes tardivement et peut-être pas avec le/la candidat(e) parfait(e) (existe-t-il/elle ?), mais au moins on ne pourra pas leur reprocher d'être rester les bras balants en regardant Papy Biden se faire massacrer
7° Nikki Hailey a peut-être été prémonitoire : "le premier des deux partis qui retirera son candidat de près de 80 ans aura gagné" ...
Elle n'a aucun soutien dans la communauté afro-américaine:
- sans polémiquer, il est documenté qu'elle a envoyé de nombreux afro-américains en prison pour consommation ou possession de cannabis lorsqu'elle était procureur. Les "afro-américains" vont apprécier et les républicains vont se régaler.
- son interview sur une radio en 2020 (durant sa campagne présidentielle, un fiasco auprès des électeurs démocrates) où, pour faire "cool" ou moins "blancos", elle raconte qu'elle écoutait Tupac et SnoopDogg et qu'elle fumait le joint quand elle était étudiante. Il y a de gros doute sur la véracité de ces infos (Tupac et Snoop n'existaient pas qd elle était a l'université) et ca montre juste qu'elle est fake.
https://www.nytimes.com/2019/02/13/us/politics/kamala-harris-snoop-tupac.html
- le discours de victimisation des afro-américains par le parti démocrate est de + en + critiqué et outdated (notamment lors du dernier discours de Biden). Il y avait d'ailleurs un article du New York Times assez intéressant sur des électeurs noirs ou certains exprimaient leur ras-le-bol. "Some of the participants blamed the Democratic Party for [...] treating them like victims"
https://www.nytimes.com/interactive/2024/07/15/opinion/focus-group-black-men-trump-voters.html
Oh, ca sera surement elle, je n'en doute pas. Mais comme d'habitude, on vole l'enthousiasme et le choix des électeurs.