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Rien ne semble pouvoir arrêter Donald Trump depuis sa prise de fonction le 20 janvier dernier. Contrairement à 2016, les envolées lyriques du locataire de la Maison Blanche et ses promesses de campagne sont aujourd’hui systématiquement suivies d’effet. Tous les freins ou presque ont disparu, lui laissant ainsi plus de marges de manœuvre pour l’application de son programme. Les « adultes dans la pièces », surnom donné à ceux qui parvenaient parfois à tempérer ses velléités, ont tous été purgés par le mouvement Make America Great Again ces dernières années pour être remplacés par les lieutenants les plus fidèles du milliardaire. Tandis que le camp républicain est au garde à vous, l’opposition, autant civile et médiatique que politique, semble quant à elle totalement assommée et en incapacité temporaire d’exercer la même pression qu’il y a huit ans. Résultat des courses, c’est désormais la loi du plus fort qui règne à Washington et sur le continent américain.
Un blitz de décrets, parfois inconstitutionnels
Dès le jour de son inauguration, Donald Trump s’est lancé dans une course contre la montre pour mettre en œuvre son projet contre révolutionnaire aux teintes réactionnaires. Depuis, les signatures d’executive orders – qui s’apparentent à des décrets présidentiels – se sont multipliées à un rythme inédit dans l’histoire politique américaine : sortie des Accords de Paris, de l’OMS, pardons pour les assaillants du Capitole, urgence nationale à la frontière sud, déréglementation dans le domaine du forage ou encore interdiction des personnes transgenres dans l’armée. Fin janvier, soit dix jours seulement après sa prise de fonction, leur nombre s’élevait déjà à près de quarante soit un rythme de croisière près de deux fois supérieur à celui de Joe Biden en 2020 et cinq fois supérieur à ses débuts en 2016 à la même période.
S’il n’est pas pertinent de faire ici une liste exhaustive de toutes les mesures prises par le nouveau locataire de la Maison Blanche, on notera cependant qu’un certain nombre d’entre elles sont à la limite de l’inconstitutionnalité voire carrément inconstitutionnelles. C’est le cas notamment du décret visant à mettre fin au droit du sol pour les enfants nés de parents en situation irrégulière ou titulaire de visa temporaire ainsi que du décret gelant tous les programmes d’aide fédérale. Si ces manœuvres ont immédiatement été bloquées par des juges fédéraux, elles ont pour objectifs - notamment la première - d’enclencher une bataille judiciaire dont le dénouement interviendrait à la Cour Suprême à majorité conservatrice. Le plan est donc bien rôdé.
Un Musk tout puissant
Pour mener à bien cette contre révolution, Donald Trump s’appuie sur un allié de taille en la personne d’Elon Musk. L’homme le plus riche du monde n’est plus seulement un soutien politique, il s’est mué en un agent de terrain qui met son nez dans les affaires de l’état via le D.O.G.E (Department of Government Efficiency), un organe consultatif au pouvoir étendu dont l’objectif officiel est de réduire drastiquement les dépenses publiques. Profitant de ce statut hybride et non contrôlé, il tisse peu à peu sa toile autour des agences fédérales. Il n’hésite donc pas à faire pression pour s’ingérer dans leur travail, au mépris parfois des règles en vigueur, et à militer pour la suppression de certaines d’entre elles. Preuve en est son conflit récent avec des agents du Trésor américain et de l’USAID, mis à pied depuis suite à ses pressions, autour de l’accès de ses équipes aux données sensibles voire classifiées de ces deux agences.
A certains égards, Elon Musk laisse donc l’impression de créer un état dans l’état au service de son patron et de ses propres intérêts. Mais ce n’est pas tout. Non content d’enjamber les normes en vigueur et de jouer le donneur d’ordre sans mandat politique, avec la bénédiction de Donald Trump, il joue le rôle d’agent d’influence à l’international, comme en témoigne ses attaques sur X visant Justin Trudeau ou son soutien aux partis d’extrême droite en Europe comme Reform Uk ou l’AFD. Un moyen d’internationaliser sa croisade et de déstabiliser des pays et organisations qui sont dans le viseur du président américain.
Humiliation de pays partenaires
Durant son premier mandat, Donald Trump nous avait habitué à des attaques verbales en direction de certains de ses alliés et partenaires avec parfois du chantage aux barrières douanières pour renégocier des accords commerciaux. Il poursuit sur cette voie aujourd’hui en allant cependant parfois beaucoup plus loin. Ainsi, il concède ne pas exclure d’employer la force pour reprendre le contrôle du canal du Panama si le petit pays d’Amérique centrale n’accède pas à toutes ses demandes sur la gestion du passage. Plus au nord, il martèle sa volonté d’acquérir le Groenland au Danemark pour étendre le territoire américain malgré le refus clair et répété des deux entités en question.
Mais l’exemple le plus frappant est à chercher du côté du Canada. Le locataire de la Maison Blanche tente d’humilier depuis des semaines son voisin et fidèle partenaire en remettant en cause sa souveraineté voire même son existence en tant qu’état indépendant. Il répète sans cesse que le pays à la feuille d’érable devrait être intégré aux États-Unis en tant que 51ème état, il affirme même qu’il cesserait d’exister sans l’argent américain et qualifie le Premier ministre Justin Trudeau de « gouverneur ». Le nouveau locataire de la Maison Blanche a même récemment imposé une hausse des barrières douanières de 25% visant les exportations canadiennes (et mexicaines) au motif que le Canada vivrait au crochet de l’Oncle Sam et serait responsable de la diffusion du fentanyl et de l’accroissement de l’immigration illégale. Des accusations qui ne passent pas l’épreuve des faits mais lui offrent un prétexte pour tordre le bras de son allié à qui il reproche surtout d’avoir une balance commerciale excédentaire. Bien qu’un accord temporaire a été trouvé in extremis pour éviter l’escalade douanière, les humiliations répétées ne seront pas oubliées de sitôt par la population canadienne.
Sans l’ombre d’un doute, Donald Trump est aujourd’hui plus radical qu’il ne l’était il y a huit ans. Trump 2 est donc en quelque sorte Trump 1 sous stéroïde, avec moins de gardes fou. Celles et ceux qui ont suivi les quatre dernières années et la campagne électorale ne seront cependant pas surpris. Le milliardaire républicain a en effet eu le mérite d’être tout à fait transparent sur ses intentions.
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