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Depuis la publication des résultats de la dernière élection présidentielle américaine, il ne se passe pas un jour sans la découverte d’un nouvel élément confirmant le tour de force réalisé par le milliardaire républicain. Non seulement il a gagné face à Kamala Harris, remportant au passage pour la première fois le vote populaire, mais il est aussi parvenu à changer la donne en clôturant un chapitre plutôt favorable au “nouveau progressisme” (qu’on qualifiera de “woke” pour faire simple) pour en ouvrir un nouveau centré sur ses valeurs et tirant vers un “nouveau conservatisme” décomplexé qui, à certains égards, s’inscrit dans son temps.
Là où en 2016 Donald Trump était majoritaire dans son camp et minoritaire dans la société, il est aujourd’hui plutôt majoritaire partout. Des chiffres viennent confirmer ce constat. En plus de sa progression constante dans les urnes en nombre de voix depuis huit ans, le président élu connait un regain de popularité important. Il est désormais aussi populaire qu’impopulaire si l’on en croit l’agrégateur 538, un schéma inédit depuis 2021 voire même depuis 2016. Tout cela alors qu’il a connu les bas fonds après l’attaque du Capitole et a fait face à une tempête judiciaire inédite ces derniers mois. Deux éléments qui auraient achevés n’importe quel autre politicien et renforcent son image d’homme politique tout puissant, étendard d’une contre révolution.
Le républicain est donc parvenu à renverser la table en capitalisant sur les errements directs ou indirects des démocrates (persistance de Biden à vouloir rempiler, immigration à des niveaux records, inflation galopante, difficultés à se détacher d’éléments radicaux toxiques électoralement) et en rajeunissant son image. Le tout en restant fidèle aux bases qu’il a construit en 2016. Donald Trump n’est donc plus seulement le candidat du replis sur soi, critique de la mondialisation, anti-immigration et dénonciateur d’une Amérique supposée en déclin. Il est aussi devenu l’ami des cryptobros, des techbros et des podcastbros, lui permettant ainsi de dépoussiéré son logiciel et d’accueillir dans sa coalition un électorat masculin plus jeune et racialement plus diversifié devenu de plus en plus allergique au progressisme (ou à l’image qu’il renvoie ?) en vogue ces dix dernières années aux États-Unis.
La société américaine vit donc un début de grand chamboulement sur le plan sociétal avec la fin d’un cycle et l’émergence d’un nouveau. Amorcé au cours des trois dernières années, officialisé en novembre, ce changement a d’ores et déjà des traductions très concrètes: la fin de la modération sur les réseaux sociaux (X et Meta en particulier), la fin des politiques de recrutement visant à accroitre la diversité (DEI) dans les grands groupes et l’impopularité croissante du “wokisme” après son pic en 2020/2021 avec un déclin des thématiques qui lui sont associées (privilège blanc, microagressions, annulation de conférences etc) dans l’opinion publique, le monde des affaires, les médias ou encore l’enseignement supérieur (comme le souligne une étude récente de The Economist).
Si tout ceci ne veut pas obligatoirement dire que les Américains sont devenus subitement plus réactionnaires (progression constante du soutien au mariage pour tous, au mariage interracial ou à l’IVG par exemple), on note un évident backlash - retour de bâton - conservateur qui s’est matérialisé et a été amplifié par la seconde victoire de Donald Trump. Reste à voir désormais jusqu’où il ira, quelles traces il laissera et surtout s’il survivra à l’exercice du pouvoir.
Il ne faudra cependant pas trop compter sur l’opposition à court terme pour contrecarrer ce mouvement. Le parti Démocrate est sonné (comme en 2016), la gauche radicale est totalement hors jeu (fin de l’ère Bernie Sanders et rejet des stratégies militantes radicales), le secteur privé s’aligne en partie sur cette nouvelle donne (et notamment les géants de la Tech), les grands médias d’opposition sont en perte de vitesse (audiences en berne, interrogations sur les méthodes) et la société civile a déserté le combat contre le trumpisme (déjà visible après la fin de la protection du droit fédéral à l’avortement qui n’a pas mobilisé grand monde dans les rues).
Vous l’aurez compris, c’est un tableau assez sombre qui se dessine pour les progressistes.
C’est tout pour aujourd’hui. On se retrouve très vite pour un nouvel épisode de cette newsletter et si ce n’est pas encore fait n’hésitez pas à vous abonner gratuitement pour recevoir directement mon travail sur votre boite mail. Pensez ensuite à vérifier vos spams!
Comme je suis sous X et dans les community notes, en contact avec Musk, les républicains sont déjà très divisés. On l’a vu avec la démonétisation des comptes anti confinement, anti transgender, pro islamistes et racistes par Musk sous Adrian Dittman. C’est dommage qu’il ait révélé ce pseudo mais il a réouvert un ancien pseudo et un nouveau. Il va y avoir un clash entre Trump et Musk car Musk est toujours libéral. Il a bien caché son jeu. Un post hier sous un pseudo a donné la liste des comptes qui vont être suspendus. Toute sa communication est très complexe.